Jour de Pâques A – 9 avril 2023
Ac 10, 34a.37-43 – Ps 117 (118) – Col 3, 1-4 – Jn 20, 1-9
Homélie du Fr. Tuan Nguyen (a.a)
Frères et sœurs,
Chaque année la célébration pascale fait éclater cette annonce : « il est ressuscité ! il est vraiment ressuscité ! ». La mort marque chaque être humain, jamais un homme n’en est revenu. Mais le Christ en est revenu. Cela est absolument nouveau. Cet évènement apporte dans l’histoire de l’humanité quelque chose de Dieu.
Matin de Pâques, matin de promesse de vie
Chaque évangéliste raconte la résurrection avec certaines divergences. Or ce petit détail au sujet du moment, ils sont d’accord. Il s’agit d’un matin. « Après le sabbat, à l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine », dit l’évangéliste Matthieu (Mt 28,1). Saint Marc : « De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil. » (Mc 16,1). Quant à saint Luc : « Le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore » ; et enfin saint Jean « Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin » (Jn 20,1).
De tous les matins du monde, il y a ce matin ordinaire, et en même temps extraordinaire. Ordinaire, il fait partie de tous les matins de la vie d’homme jusqu’à présent, où on se lève pour une nouvelle journée ; extraordinaire, car c’est le matin de Pâques où le Christ s’est levé d’entre les morts ; la vie a détruit la mort.
Le matin symbolise le commencement, un nouveau début, la jeunesse. Jésus est mort et enseveli, sa mort était vu comme un échec, mais le voilà levé vivant ! le contexte du récit de la résurrection semble vouloir souligner le sens de l’évènement.
Le Christ est ce commencement de Dieu, toujours à l’œuvre. Cette force de vie que rien ne peut arrêter. Il apporte à nos matins ordinaires cette promesse d’une Vie qui ne finira pas. Le matin de Pâque, Jésus apparaît comme ce printemps, cette jeunesse que Dieu veut offrir à l’humanité. « « Jésus est la vraie jeunesse d’un monde vieilli (…), la jeunesse d’un univers qui attend d’être revêtu de sa lumière et de sa vie », écrit le pape François dans Christus vivit (n° 32).
A Noël, dans la personne de Jésus, nous fêtons l’entrée dans l’histoire de la parole de Dieu faite chair et habité parmi nous, elle devient le Fils de l’homme ; il est venu par une nuit pour être notre lumière. Ce Fils de l’homme grandit, accomplit sa mission en se donnant lui-même comme don sur la croix. il est ressuscité d’entre les morts et s’est manifesté à ses amis un Matin. C’est pour nous dire que Dieu nous appelle toujours et d’abord à la vie. Dieu est le dieu des vivants. Il y a une cohérence parfaite dans le dessein de Dieu. Jésus est le signe de Dieu que Dieu nous veut la vie, la plus grande. La fête pascale est le lieu, et le temps où nous célébrons cette puissance, mot que nous entendons si souvent dans la liturgie : à toi la puissance et la gloire ou que Dieu tout puissant…Il est tout puissant, parce qu’il est source de vie. Face au néant que la mort nous impose, Dieu nous affirme la vie, face au non-sens que certains peuvent éprouver, Jésus invite à dire : « Je suis » (Jn). Retenons avec Jésus que la puissance de Dieu est dans cette déportance de vie qu’il veut nous rendre participant.
La rencontre avec le Christ ressuscité
Pour parvenir à cette promesse, il nous faut rencontrer le Christ ressuscité. Marie madeleine, puis les disciples sont les témoins privilégiés. Quelle chance ! dirions-nous, eux qui ont reconnu Jésus ressuscité. Mais, certains doutèrent (Mt 28,17).
A fortiori nous. Nous ne pouvons pas voir le Christ comme ils l’ont vu, le toucher comme ils ‘ont touché. Mais dans un certain sens, nous pouvions voir et toucher de près la vie de tant d’homme et de femme qui, hier et aujourd’hui, ont été transformées parce qu’ils sont accueillis le Christ Vivant.
N’avons-nous pas aussi fait l’expérience de la résurrection quand, dans nos vies, nous passons de nos impasses, nos échecs, à un mieux ? nous passons des modes de vie qui nous rendaient malheureux à une vie plus libre ? De fait, notre vie chrétienne, par le baptême, est ce continuel passage de ce qui est moins à ce qui est plus, des ténèbres à la lumière. Ainsi, chaque Pâques avec le Christ, qui n’est pas une fête folklorique, mais la prise de conscience que, le X nous transfigure, que la résurrection devient visible dans l’existence renouvelée, recrée. « La gloire de Dieu, c’est ‘homme vivant », dit sait Irénée.
Une telle transfiguration, c’est pour chacun le commencement de la résurrection, déjà de son vivant sur la terre.
Pour rencontre Jésus ressuscité, pour vivre Pâques avec Lui, le premier pas, c’est lui faire confiance. S’accrocher à cette confiance, à lui qui est présent vivant pour chacun. Laissons le Christ ressuscité nous atteindre dans le silence de nos cœurs. Disons-lui : tu es le matin, l’astre de Dieu qui vient nous visiter. Tu nous appelles toujours à la VIE.