Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon
Tuan NGUYEN

5e dimanche du temps ordinaire B – 7 février 2021
Jb 7, 1-4.6-7 – Ps 146 (147) – 1 Co 9, 16-19.22-23 – Mc 1, 29-39
Homélie du Fr Tuan Nguyen

Frères et sœurs, J’avais un ami. Un jour, il m’a annoncé la mauvaise nouvelle. Le médecin lui avait découvert un cancer de prostate. La nouvelle était un coup de tonnerre. Pour lui et pour sa famille. Dès lors commence une lutte. Il a beaucoup souffert. Il est emporté au bout de quelques mois seulement.

Face à une telle situation, peut-être la personne elle-même ou ses proches, on a envie de se poser la question, qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? Dieu m’a-t-il puni pour une faute quelconque ?

Cette interrogation est présente en particulier dans le livre de Job. Job est un homme juste. Il se conduit comme il se doit envers Dieu et envers son prochain. Dieu lui-même l’approuve. Puis, un jour les malheurs lui tombent dessus. Il perd tout : la famille, ses enfants, ses biens. En plus il est devenu lépreux. Il en a tellement marre de sa vie qu’il lâche ces mots que nous avons entendus dans la 1ere lecture. La vie est une corvée, une épreuve. Il passe des nuits de souffrance ; ses yeux ne verront plus le bonheur…

Au milieu de ses souffrances, les amis de Job viennent lui rendre visite. Ils discutent avec Job. « Tu as forcément, disent-ils, fait quelque chose de mal pour que tu te trouves dans une telle situation ». Autrement dit, ils pensent que l’origine de toutes les souffrances de Job est de Dieu. Mais si Dieu maltraite des hommes bons, juste de cette manière-là, il y a un grand problème, Dieu lui-même sera remis en cause. Job lui-même veut une réponse de Dieu : pourquoi et comment toutes ces souffrances-là ? Dans le livre de Job, Dieu ne donne pas une réponse claire, mais Dieu emmène Job dans une visite virtuelle de l’univers. Là, Job voit que le monde créé par Dieu est bon, magnifique, mais il lui manque quelque chose. Ce monde n’est pas parfait en soi. Job comprend et reconnaît enfin que le monde a ses complexités, y compris le mystère de ses souffrances, il retire sa remise en cause de Dieu. Il adopte l’attitude de l’humilité et de prière. A la fin de l’histoire, Dieu honore l’attitude de Job en lui restaurant doublement ce qu’il avait auparavant. Le livre ne résout pas l’énigme de la question des souffrances, des désastres des circonstances, mais il invite à faire confiance à la sagesse de Dieu. Donc, affirmer que les malheurs, les souffrances sont les fruits du châtiment de Dieu est hâtif et erroné.

Que dit Jésus à propos de la souffrance ? Des maladies sont-elles dues aux fautes commises de la personne ? Dans l’évangile selon Jean (Jn 9), les disciples interrogent Jésus au sujet d’un aveugle de naissance : « qui a péché, lui ou ses parents ? ». Jésus leur répond : ni lui, ni ses parents, mais pour que les œuvres de Dieu se manifestent dans la personne.

Ainsi, Jésus vient nous dire que Dieu veut prendre soin de ceux qui sont malades, ceux qui souffrent. C’est ce que l’évangile de Marc nous dit aujourd’hui. Jésus agit comme un médecin. Il entre chez la belle-mère de Simon. Les disciples lui avaient appris qu’elle était malade. Jésus vient auprès d’elle, la toucher par la main et la fait lever. Aussitôt la fièvre la quitta. Au temps de Covid, les nouvelles règles s’imposent. On évite de se toucher désormais. Même les médecins proposent davantage la téléconsultation. Or, par le toucher, Jésus montre qu’il veut se faire proche de ceux qui sont dans la souffrance. Il veut saisir par la main la malade pour la relever, pour lui remettre à la vie. Le verbe « lever, relever » ici sera employé dans d’autres endroits de l’évangile de Marc (Mc 9, 6 ; 12, 26 ; 14, 18 ; 16). Ce verbe désigne le relèvement de Dieu ; en d’autres termes la résurrection des hommes et celle de Jésus. Nos corps, aussi beaux, aussi magnifique que cela soit-il, ont ses limites. Ils sont corruptibles. Au fils des années, ça s’use. Nous constatons des problèmes de santé. Il est vrai que les médecins peuvent soigner, mais hélas, il n’y a pas toujours de remède.

Malgré tout, Jésus guérit beaucoup de malades, en plus toutes sortes de maladies. Mais, il n’est pas seulement le médecin des corps, mais surtout le médecin des âmes. Il s’occupe de la partie la plus profonde en l’homme. L’homme est composé de corps, âme, et esprit. L’esprit est ce qui tient le sommet de tout. Il y a bien des malades, des souffrances qui sont liées à l’état de notre esprit. Quand nous avons des crises d’angoisse, nous ressentons ses effets sur notre corps. Guérir, apaiser l’esprit est très important, voire vital. En chassant les esprits mauvais, Jésus jette hors de nous tout ce qui nous empêche de vivre. Pour Jésus, en changeant, prenant soin de ce qui est le plus profond en l’homme, cela peut changer tout notre être. Être guéri dans le cœur, dans notre esprit est très important, plus important que la guérison du corps. Parce que si guérir les maladies physiques, c’est pour soulager les malades, la santé ne perdurera pas pour toujours, mais Jésus veut nous dire que nos corps avec tous ses limites un jour seront relevés, transformés par la vie de Dieu. Comme le psaume 27 chante magnifiquement : tu m’a guéri, ma chair a refleuri (Ps 27, 7). Nous savons très bien que même Jésus, il lui arrive d’être tombé malade, il est mort d’ailleurs. Mais Dieu l’a relevé d’entre les morts et nous relèvera avec Lui.

Frères et sœurs,

Avant tout, n’hésitez pas à crier, à demander au Seigneur de nous venir en aide si nous souffrons. Osez-le car il ne nous abandonne pas. Car il n’est pas indifférent aux souffrances de ses frères et sœurs. Oui, ayons confiance : Jésus nous relève encore aujourd’hui.