Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon
Père Franck GACOGNE

Dimanche du Saint Sacrement B – 6 juin 2021
Ex 24, 3-8 – Ps 115 (116) – He 9, 11-15 – Mc 14, 12-16.22-26
Homélie du P. Franck Gacogne

Aujourd’hui pour ces 8 premières communions, c’est la fête du saint Sacrement : Corps et Sang du Christ, je saisi donc cette occasion qui tombe à point pour que l’on s’interroge ensemble sur quelques éléments essentiels de l’Eucharistie. Je vous propose trois questions que j’ai souvent entendu de la part de jeunes à propos de la messe, et parce que je pense que ces questions sont aussi les nôtres.

« Est-ce que Jésus est réellement présent dans le pain et le vin ? »

Cette question est absolument essentielle, mais souvent, nous la posons pour en esquiver une autre : « et toi, est-ce que tu es réellement présent au Christ qui se donne ? » La foi nous invite à reconnaître cette présence de Jésus au pain et au vin. A chaque messe, nous apportons notre vie quotidienne en offrant le pain : « fruit de la terre et du travail des hommes ». Dieu transforme ce pain quotidien en sa propre vie : « il deviendra le pain de la vie » disons-nous dans la liturgie. A la communion, nous recevons ce même pain, mais habité de sa présence réelle pour que nous puissions en vivre. A la messe, il y a donc la rencontre de deux présences : celle du Christ qui est réelle, et la nôtre… qui ne l’est pas toujours autant, je le crains ! Maurice Zundel disait ceci : « Il semble que l’Eucharistie ait pour but de nous rendre présent à Jésus, plutôt que de nous le rendre présent ». Quelle présence avons-nous à la messe ? Une présence active ? Statique ? Endormie ? Avons-nous une présence réelle, ou répétons-nous des mots qui ne brûlent plus notre cœur, des rites qui ne font plus sens ? Une présence réelle, c’est-à-dire une présence consciente et active. Attention, la messe n’est pas une dévotion. La messe n’est pas un « rite sacré », dans le sens étymologique où le sacré crée une séparation et met Dieu à distance ; non, la messe est un sacrement, donc c’est tout au contraire, c’est un acte de mise en présence. C’est une action. L’action eucharistique doit nous rendre actifs, témoin dans le monde. « Faites ceci en mémoire de moi » ne signifie pas seulement : « faite ce repas en mémoire de moi et répéter les mots que j’ai dit », Non, « Faites ceci en mémoire de moi » signifie : « dans ce repas, j’offre ma vie par amour, faites-en autant ! ». Au temps de Louis XVI on « entendait la messe », nos arrière-grands-parents, eux, ils « assistaient » à la messe, mais depuis le concile Vatican II c’est bien plus engageant, nous « participons » à la messe. Car si le prêtre préside la célébration, c’est pour que tous célèbrent.

« Pourquoi est-ce que l’on répond « Amen » en allant communier ? »

Dans les premiers siècles de l’histoire de l’Eglise, quand le prêtre déposait le corps du Christ dans la main de celui qui allait communier, le fidèle répondait « Amen ». Vous allez me dire : « bah, c’est comme aujourd’hui ! ». Oui, sauf que le fidèle répondait : « Amen, je suis le corps du Christ », alors que maintenant on pense le plus souvent : « Amen, je crois que cette hostie est le corps du Christ ». Et bien en disant « Amen », il faut bien croire les deux à la fois, jamais l’un sans l’autre : nous croyons que ce pain est devenu Corps du Christ, pour que nous devenions ensemble Corps du Christ. Nous communions à la présence réelle du Christ pendant la messe, pour devenir nous-mêmes une présence réelle du Christ après la messe. Vous savez, ce n’est qu’après la messe que l’on sait vraiment si la messe a été vivante, ce n’est pas pendant, même si elle était très bien animée. Parce qu’une messe vivante, c’est une messe qui doit nous faire vivre toute la semaine. « Allez dans la paix du Christ. » Cela ne veut pas dire au bout d’un peu plus d’une heure : « Ouf, c’est fini, on va être tranquille jusqu’à dimanche prochain ». Non ! Cela veut dire : une vie nouvelle commence pour vous ; vivez dans la fidélité à Celui que vous avez reçu aujourd’hui.

« Pourquoi est-ce que l’on fait un signe de croix au début et à la fin de la messe ? »

Nous signifions d’abord que Dieu Père, Fils et Saint Esprit nous rassemble, puis qu’il nous envoie. A la messe, nous vivons toujours ce ce double mouvement : rassemblé/envoyé. Si l’on n’est que rassemblé, cela peut devenir du communautarisme, tourner à l’entre-soi et à des dérives sectaires. Si l’on n’est qu’envoyé : au nom de qui, avec quelle ressource, comment faire unité ? C’est la dispersion sans boussole ni feuille de route, et on est perdu. Rassemblé, et envoyé par Dieu : Père, Fils et Esprit Saint. C’est donc Lui qui est au centre. A la messe, le prêtre doit donc toujours être attentif à tenir cette place du centre, mais à la tenir, à la maintenir vide… pour que Dieu puisse la prendre ! La mission d’une communauté rassemblée, c’est de dégager en son sein un centre, un espace où Dieu puisse planter sa tente pour se donner. Par sa Parole et par son pain, Dieu ne nourrit pas notre faim, mais il nourrit notre désir de Lui pour être plus en communion avec lui et avec les autres. Arthur, Lucas, Laina, Benjamin, Théo, Léa, Camille et Lise, que cette première des communions nourrisse votre foi et fasse grandir votre relation à Dieu. Que vous ayez à cœur de souvent retourner à la messe pour garder vive cette relation et ce désir de Dieu.

Pour terminer, je dirais que la présence du Christ est très étonnante : nous affirmons, parfois sans beaucoup de nuance, qu’il est ici, qu’il est là, et partout, et je crois que nous avons raison de le dire, mais à condition de ne pas oublier qu’il ne peut pas y être sans nous ; « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». Cela faisait dire à Madeleine Delbrêl cette prière pleine d’humour : « Mon Dieu, si vous êtes partout, comment se fait-il que je sois si souvent ailleurs ? » Amen.