Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon
P. Bernard Badaud, administrateur de la paroisse St-Gabriel de Vaise ©dacruzcouto 2024

5ème dimanche de Carême – 6 avril 2025

Is 43, 16-21 – Ps 125 (126) 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6– Ph 3, 8-14 – Jn 8, 1-11

Homélie de Bernard Badaud

La rencontre de Jésus avec la femme accusée d’adultère montre à quel point Jésus se comporte en homme libre. D’innombrables œuvres d’art ont illustré cette rencontre unique. Parmi les plus célèbres on peut citer Nicolas Poussin, Le Titien, Rembrandt. Mais aujourd’hui je me suis aussi intéressé à la périphérie, à la géographie de la rencontre : les déplacements de Jésus. Jésus est en marche vers deux lieux hautement symboliques : le Mont des Oliviers et le Temple de Jérusalem. L’Évangile de Jean a soigneusement mis en scène ces lieux symboliques qui révèlent le sens théologique de la rencontre de Jésus avec la femme accusée d’adultère.

D’abord le Mont des Oliviers. Jésus aime s’y rendre. L’Évangile de Luc, au chapitre 22 dit « selon son habitude ». C’est aussi là que Jésus sera arrêté. Mais le Mont des Oliviers figure dans un texte prophétique de Zacharie comme le lieu de la révélation, de la manifestation du Messie : « Ses pieds se poseront, ce jour-là, sur le mont des Oliviers qui est en face de Jérusalem, à l’orient. Et le mont des Oliviers se fendra par le milieu… Ce jour-là, il n’y aura pas de lumière, mais du froid et du gel. Ce sera un jour unique – le Seigneur le connaît –, il n’y aura pas le jour puis la nuit, mais à l’heure du soir, la lumière. ». Et bien sûr, Jean qui connaît bien les écrits des prophètes en profitera pour faire dire à Jésus, après la non-condamnation de la femme accusée d’adultère : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. ». Le prophète Zacharie annonçait la venue sur les Mont des Oliviers d’un Messie en forme de guerrier victorieux. Jésus est bien le Messie attendu mais son combat et sa victoire ne concernent pas les ennemis d’Israël mais les ennemis de la vie, de la miséricorde et de l’amour

Le deuxième lieu hautement symbolique, c’est le Temple. Et c’est le lieu de l’affrontement de Jésus avec les autorités. Les 4 évangiles racontent l’épisode des vendeurs chassés du Temple. C’est là, au lieu le plus sacré de la religion juive, que Jésus affirme la primauté de la miséricorde et du pardon. Il ne fait, là encore, que reprendre et actualiser les paroles des prophètes. Par exemple chez Osée et Isaïe. « C’est la miséricorde que je veux dit Dieu, non les sacrifices ».

C’est aussi là, dans le Temple, que Jésus déclarera que le vrai Temple de Dieu, c’est son corps « Mais lui parlait du sanctuaire de son corps » dit l’Évangile. Et il s’agit non seulement du corps de Jésus mais de nos corps et de nos cœurs. Au passage, il est toujours bien utile de se rappeler que le corps de l’autre est toujours un sanctuaire, sacré et inviolable.  C’est donc bien ce que montre Jésus : cette femme que vous voulez lapider dans l’enceinte même du Temple est bien plus sacrée que l’édifice que vous vénérez.

Pourquoi insister sur ces lieux où se tient Jésus ? Le Mont des Oliviers, le Temple ? Ces lieux qui sont les lieux de tous les dangers pour Jésus, lieux de prise de risque, lieux d’affrontement, lieux où la vie et la liberté sont mises en question. Pour nous amener à nous poser la question à nous-mêmes : Où est ce que je me tiens ? Y a-t-il dans ma vie des moments où je me rends, comme Jésus et avec lui, là où le sanctuaire qu’est le corps de l’autre peut être menacé…

Tout au long de cette année, fidèles à l’appel du pape François de nous conduire en pèlerins d’espérance, nous avons vécu quelques journées paroissiales en union avec des témoins de cette présence du Christ sur les lieux où est jeu la dignité humaine : les enfants des rues de Madagascar, les unités de soins palliatifs et les hôpitaux psychiatriques… je pense aussi à ceux qui assurent l’aumônerie ou les visites en prison, aux  centres de rétention des migrants,  ou tout simplement aux carrefours de nos rues. Ce dimanche, en accueillant des représentants du Foyer Notre Dame des Sans Abri, nous nous tenons dans cette proximité dont Gabriel Rosset a été le signe