Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon

2ème dimanche de l’Avent C – 5 décembre 2021
Ba 5, 1-9 – Ps 125 (126) – Ph 1, 4-6.8-11 – Lc 3, 1-6
Homélie du P. Franck Gacogne

Vous avez peut-être été surpris par autant de noms propres dans la première moitié du passage de l’évangile de Luc. Visiblement, il est très important pour lui de situer pour nous son récit dans le temps et dans l’espace. Probablement que nous ne connaissons pas tous ces noms. Je vous propose de clarifier tout cela. En citant Tibère à la 15ème année de son règne donc probablement en l’an 27 ou 28 après JC et en citant Ponce Pilate, Luc rappelle que ce territoire du peuple Israël est alors sous la domination romaine. Tibère est l’empereur de tout l’empire, et Ponce Pilate est en quelque sorte son préfet pour cette région. Avec ces deux noms, nous sommes ici du côté du pouvoir politique de l’occupant romain.

Ensuite, Luc cite Hérode et son frère Philippe. Il s’agit en fait d’Hérode Antipas qui a succédé à son père Hérode le Grand (c’est celui que Marie et Joseph avaient fui peu après la naissance de Jésus). En nommant les Hérode, l’évangéliste nous décrit cette fois-ci le pouvoir politique du peuple d’Israël.

Enfin Luc nomme Hanne et Caïphe comme grand prêtre au temple de Jérusalem. Ils ne l’étaient pas ensemble mais se sont succédés : Hanne de l’an 6 à 15, et son gendre Caïphe de l’an 18 à 36, voilà pourquoi ces noms apparaîtront encore au moment du procès de Jésus. Avec ces deux derniers noms Luc nous présente maintenant le pouvoir religieux du peuple Israël.

L’évangéliste plante ainsi le décor, il tient à situer précisément ce moment où Jean prêche dans le désert parce que cet événement constitue un véritable tournant dans l’histoire de l’Alliance. Jean Baptiste, c’est la charnière de nos Bibles, il permet le passage de l’ancien au nouveau testament. Prophète, dernier prophète, il est à la fois celui qui rappelle l’Alliance et invite vigoureusement à lui être fidèle par la conversion ; et en même temps, il est celui qui prépare le terrain pour le Messie qui vient. C’est lui qui désignera Jésus qui doit passer devant lui, comme accomplissement d’une nouvelle Alliance définitive.

Voici ce que dit Jean-Baptiste dans sa prédication : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu. »

Jean-Baptiste cite le prophète Isaïe au chapitre 40. Voici le contexte : c’est le second Isaïe, c’est-à-dire le moment ou après 40 ans d’exil en Mésopotamie, à Babylone, loin de leur terre, le peuple d’Israël entrevoit enfin l’espérance d’un retour grâce à la victoire des Perses sur les babyloniens. L’annonce d’une libération toute proche des Israélites se profile. Le Seigneur ne les a pas abandonnés, voici qu’il vient pour raccompagner son peuple, tous les obstacles sont maintenant écartés et comme un nouvel exode, Dieu va conduire son peuple comme un berger à travers le désert pour le ramener chez lui.

C’est par cette citation d’Isaïe, que Jean-Baptiste dans le désert tente de réveiller un peuple assoupi, de secouer des croyants qui s’étaient peut-être accommodé la loi de Dieu au service de leur confort. Luc annonce par la voix de Jean-Baptiste un baptême de conversion et un salut offert à tous.

Remontons le temps : Isaïe, Jean-Baptiste, et moi aujourd’hui ! Qu’est-ce que cette interpellation peut-elle susciter dans ma vie ? En quoi me concerne-t-elle ? Chaque année, le temps de l’Avent nous donne de réentendre cette recommandation : « Préparer le chemin du Seigneur, aplanissez sa route ». Qu’ai-je donc à faire pour mettre en œuvre cette parole ? Dans ce temps de l’Avent, il y a tant à « faire » et s’affairer si peu de temps pour « être ». Préparer le chemin du Seigneur, ce n’est ni plaire ni faire, mais d’abord « être » : être dans la joie comme nous y invite toutes les lectures de ce jour et surtout celles de dimanche prochain. Préparer le chemin du Seigneur, c’est disposer notre cœur et notre Esprit à lui faire une place de choix dans notre maison, dans notre famille, dans notre emploi du temps, et le Seigneur a toujours le visage du petit, de l’oublié, du marginalisé.

« Préparer le chemin du Seigneur » c’est une attitude à choisir. Les autres lectures de ce jour nous rappellent que notre foi n’est pas une croyance désincarnée en un Dieu lointain. La Lettre aux Philippiens, si riche dans sa proclamation de l’humanité de Dieu, nous enseigne la véritable voie à suivre, qui est celle de l’amour – l’amour non seulement du prochain, mais de toute la création. Voici les mots de Paul : « dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important. » !

Dans les multiples sollicitations, donne-moi Seigneur de discerner et choisir quel chemin emprunter pour préparer ta venue dans mon cœur, dans ma famille, dans notre monde. Amen.