Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon

La Sainte Famille B – 31 décembre 2023
Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3 – Ps 104 (105) – He 11, 8.11-12.17-19 – Lc 2, 22-40
Homélie du P. Franck Gacogne

Pour ce dimanche où nous fêtons la Sainte famille, l’évangile que nous avons lu rend un bel hommage à la rencontre des générations. Joseph et Marie sont à la fois citoyens et croyants. Ils respectent la loi, celle du pouvoir politique en place qui les obligeait à se rendre à Bethléem pour le recensement, et ils respectent aussi la loi de Moïse qui leur propose de présenter leur premier né au Seigneur. C’est pourquoi ils se rendent au temple de Jérusalem. Dans le temple il y a Syméon et Anne tout deux déjà très âgés, ce sont de vrais croyants, en attente du Messie, toujours en recherche de Dieu. Mais quand Marie et Joseph arrivent avec Jésus, le temps s’efface. Syméon et Anne qui jusqu’à présent se prosternaient en direction du Saint des Saints, se tournent maintenant vers un petit enfant anodin, parce qu’ils reconnaissent en celui-ci, Jésus, l’Emmanuel, c’est-à-dire Dieu qui vient les visiter ! Ces deux vieillards, saisis par l’Esprit, ont la capacité, la sagesse et l’humilité de voir au-delà des apparences. Ici, ce sont les plus vieux qui voient dans le plus jeune le salut pour tous. De la promesse à l’accomplissement tel est le chemin parcouru d’Abraham à Syméon. Le cantique de Syméon est un acte de foi en Dieu qui tient Parole. C’est la foi qui lui fait reconnaître en cet enfant le salut universel promis à tous les hommes. Et ce que dit Syméon apparaît comme une troisième annonce faite à Marie (après celle de l’ange Gabriel à l’annonciation et après celle des bergers à la nativité), car Syméon lui montre la dimension historique concrète dans laquelle son fils accomplira sa mission : dans l’incompréhension et la souffrance. C’est en quelque sorte Syméon et Anne qui présentent l’enfant à ses parents Marie et à Joseph. « Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui ».

Dans l’évangile, il est ensuite question de bénédiction. Vous l’avez sans doute remarqué, c’est aussi une actualité de l’Eglise puisqu’une déclaration a été publiée par Rome concernant les bénédictions de couples homosexuels ou de couples en seconde union et elle semble faire polémique. Le vieillard Siméon, tenant dans ses bras le nouveau-né Jésus, bénit Dieu pour lui avoir accordé la grâce de contempler le Messie sauveur, puis Syméon bénit également ses parents Marie et Joseph. Joseph avait-il besoin ou bien aurait-il dû prendre la parole pour justifier et expliquer sa situation devant Syméon afin mériter cette bénédiction ? En expliquant par exemple qu’il n’est pas le père mais qu’il tachera de l’être etc… ? Non bien sûr ! Syméon perçoit que cette famille a dit entièrement Oui à Dieu et cela lui suffit pour s’en réjouir et pour les bénir.

Je connais plusieurs couples et toute sorte qui cherchent à mettre Dieu au cœur de leur vie. Ils ont une vie de prière, ils se mettent au service, ils nourrissent leur foi dans la lecture de l’évangile et par leur participation à la vie de la paroisse. Et parfois ils sollicitent l’Eglise pour eux-mêmes ou pour leurs enfants, afin que le Seigneur continue d’affermir leur foi et de guider leurs choix. Je ne peux que m’en réjouir. Les bénir ne constitue au regard de l’Eglise ni un mariage, ni une légitimation ou une validation de leur union. Cette bénédiction vient pourtant leur manifester que, s’ils se sentent malheureusement exclus par des membres de leur famille où même des membres de l’Eglise, Dieu, quant à lui, ne cesse de les accompagner et de les aimer. La bénédiction dit la force inconditionnelle de l’amour de Dieu pour chacun, dans l’état de vie dans lequel il s’accomplit aujourd’hui, et comme tout baptisés, toujours appelé à la sainteté. Je cite le texte : « il est possible de bénir les couples […] par l’invocation d’une bénédiction descendante de Dieu lui-même sur ceux qui, se reconnaissant indigents et ayant besoin de son aide, ne revendiquent pas la légitimité de leur propre statut, mais demandent que tout ce qui est vrai, bon et humainement valable dans leur vie et dans leurs relations soit investi, guéri et élevé par la présence de l’Esprit Saint. » (Fiducia supplicans, 31). « La bénédiction exprime l’étreinte miséricordieuse de Dieu et la maternité de l’Église qui invite les fidèles à avoir les mêmes sentiments que Dieu envers leurs frères et sœurs. » (Fiducia supplicans, 19)

Dans l’évangile, « Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui ». Et ce n’est que le début, car toute sa vie publique, il ne cessera d’aller à la rencontre de celles et ceux que la société civile et religieuse de son temps excluait : La Samaritaine, Zachée, la syro-phénicienne, la femme adultère, Bartimée… et tant d’autres. Jésus les rencontre, les écoute, les invite à être en vérité, il se laisse toucher par leur foi, il les bénit et les sauve. Puissions-nous, avec toute l’Eglise nous mettre à l’école du Christ. Amen.