3ème dimanche de Carême B – 3 mars 2024
Ex 20, 1-17 – Ps 18 (19) – 1 Co 1, 22-25 – Jn 2, 13-25
Homélie du Fr. Tuan Nguyen (a.a.)
Dieu est-il jaloux ?
« Je suis un Dieu jaloux » (Exode 20, 5). Cette expression dans la première lecture a de quoi nous étonner ! N’est-il pas humain, trop humain ? Comment Dieu peut-il partager ce vice humain ?
Quand la Bible dit que Dieu est jaloux, c’est une expression empruntée au langage humain pour dire la passion ou l’amour de Dieu pour son peuple. Dieu n’est pas jaloux des hommes, il est jaloux de notre bien. Origène, un des pères de l’Eglise au 2e siècle disait que Dieu est jaloux en raison de sa bonté, car il est soucieux de notre salut (voir Origène, commentaire du livre de l’Exode VIII, 5)
Dieu est passionné de notre bien
Dieu est « jaloux » de notre bien car il veut que nous soyons libres. Un bref rappel du contexte de ce passage tiré du livre de l’Exode au chapitre 20, 1 -15. Le peuple d’Israël est sorti de l’Egypte : Dieu a sauvé son peuple de l’esclavage et leur a donné la liberté. La première parole est celle sur la liberté ! Entré dans le désert, son peuple traverse les épreuves. Malgré tout, Dieu voulait faire alliance avec son peuple. Cette Alliance est un engagement fort de Dieu. Dieu propose dix paroles, nous l’appelons ordinairement commandements. Les dix paroles que Dieu donne : « Tu n’as pas d’autres Dieu que moi, tu ne fais pas de fausse image…Tu ne portes pas le faux témoignage contre ton prochain… De fait, si comptons bien, Dieu se soucie du bien des autres plus que lui-même. Dans 10 paroles, 4 parlent de Dieu, et 6 parlent du prochain ! Mais, pour Israël, ces commandements ne sont pas vus comme une Loi liberticide, comme un joug à supprimer. Au contraire, c’est un chemin pour apprendre la vraie liberté. Un chemin à apprendre à faire le bon choix, in fine, à faire le Bien. Voilà pourquoi, nos frères juifs, depuis deux mille ans et nous aussi, nous chantons dans les Psaumes ces mots :
« Ta loi fait mon plaisir… » car elle aide de ne pas commettre d’injustice et conduit au bonheur (Psaume 118, 77)
« De quel amour j’aime ta loi, tout le jour je la médite » (Psaume 118, 97)
Dire que dieu est Jaloux c’est une manière de dire qu’il nous aime et souhaite que nous choisissions le bien, donc la vie librement. Il est soucieux de préserver ce qui lui tient à cœur tel qu’a été dit par le prophète Isaïe : « tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime » (livre du prophète Isaïe 43, 4).
Cette jalousie ou la passion de Dieu pour son peuple est parfois comparée à la relation conjugale. Lisez le livre du prophète Osée. « Je ferai de toi mon épouse pour toujours, je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse » (Le livre du prophète Osée 2,21). Si Dieu est jaloux, il n’est pas de la même nature que la nôtre. Saint Augustin, 4e siècle, en méditant sur Dieu, disait : tu es jaloux Seigneur, mais tu es plein de tranquillité, sans être troublé ! c’est à dire une qualité de droiture ! Messieurs, mesdames, si vous êtes trop amoureux de votre époux et épouse, soyons le comme Dieu ! non pas comme un tigre.
Jésus Christ, notre Temple pour Dieu
Dieu aime passionnément et nous veut du bien. Cela se manifeste finalement dans ses actes. Il envoya les prophètes, c’est-à-dire les messagers pour rappeler son alliance, pour avertir des déviations. Le témoignage suprême c’est la venue de Jésus. Il est passé en faisant le bien, accusé de manière injuste, il est mort, mais la puissance de Dieu a vaincu. C’est pour NOUS ! Aujourd’hui dans l’Évangile Jésus montra son zèle pour Dieu en chassant les marchands du Temple, ce qui fait de la maison de Dieu un lieu de trafics, il montrait en même temps son amour pour nous, il souhaite nous donner un signe : faire de son corps ressuscité un lieu de rencontre pour tous, un lieu de communion présentée à Dieu son père. Quand nous nous réunissons en son nom, nous partageons la parole de Dieu, son pain, nous sommes en Lui, en ce Temple très précieux.
En ce temps de Carême, je vous propose de relire notre vie pour repérer à quels moments nous avons senti que Dieu était proche de nous, que son amour nous entoure.
Deuxième proposition ; relire notre vie, pour voir ce qui a entravé, nous écartait de son amour et revenir à Lui.