Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon

L’Epiphanie du Seigneur B – 3 janvier 2021
Is 60, 1-6 – Ps 71 (72) – Ep 3, 2-3a.5-6 – Mt 2, 1-12
Homélie du P. Franck Gacogne

Aujourd’hui ou ces jours-ci, je suis sûr que nous allons partager en famille ou avec des amis une galette des rois. Même s’il y aura peu de monde autour de la table, vous connaissez la tradition : Un enfant sous la table lance des prénoms. Et parmi ceux qui sont là, il y a toujours à la fois ceux qui redoutent la couronne, et ceux qui l’espèrent. Eh bien, si pour éviter ce dilemme, on décidait de placer la couronne sur la crèche ! Je vous invite à accomplir ce geste aujourd’hui chez vous, car il dit tout de l’Epiphanie. Placer la couronne sur la crèche permet d’éviter des jalousies certainement, mais cela permet surtout de ne pas nous tromper de roi. Dans le récit de Matthieu, il n’y en a pas trois, mais seulement deux. Celui que les mages cherchent et qu’ils nomment « le roi des Juifs », et celui à qui les mages s’adressent pour se renseigner, le roi Hérode le Grand. Mais il n’y en a qu’un seul des deux vers qui l’on vient se prosterner de très près comme les bergers ou de très loin comme les mages, c’est Jésus.

Mais qu’est-ce que cela peut bien signifier de dire aujourd’hui que Jésus est roi. Voilà bien longtemps qu’en France nous avons quitté le régime monarchique alors comment être touché par cet honneur rendu à Jésus comme roi ? Chaque année en novembre, nous célébrons une fête qui s’appelle « le Christ roi de l’univers », et voici les textes de la liturgie qui sont choisie pour cette occasion : selon les années, ce sera ou bien Mt 25 où Jésus dit « tout ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » ; ou bien l’évangile de Jean pendant la passion où Jésus qui vient d’être frappé, il est enchaîné et interrogé par Pilate : « es-tu le roi des juifs ? » ; enfin cela peut-être encore dans l’évangile de Luc quand Jésus est sur la croix les soldats se moquent de lui : « si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même ». Et à l’épiphanie le roi des juifs prend les traits d’un nouveau-né dans une mangeoire. Voilà je pense de quoi balayer toutes nos images d’Epinal sur ce qu’est la royauté. Car chaque fois que l’on dit de Jésus qu’il est roi, les textes de la liturgie nous le présente petit et humble, délaissé et rejeté, ou encore souffrant, torturé et moqué. Voilà un paradoxe qui donne à penser. Alors tout à l’heure, quand nous dirons tous ensemble « que ton règne vienne » que nous puissions bien réaliser que la venue du règne de Dieu que nous espérons n’est pas celle d’un puissant monarque. Dire « que ton règne vienne », c’est vraiment désirer que le Seigneur règne dans ma vie. Dire « que ton règne vienne », c’est tout mettre en œuvre pour que ceux dans lequel le Christ s’identifie : les petits, les rejetés, les souffrants aient la première place, parce que c’est vers Celui-là et ceux là que les mages se dirigent, s’inclinent et offrent ce qu’ils ont de plus beau.

La fête de l’Epiphanie vient donner à la fête de Noël sa dimension universelle. Le projet de salut de Dieu est sans frontières, nous avons entendu St-Paul : « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse », et nous ne pouvons que nous en réjouir, car nous sommes de ceux-là, d’une autre nation que la terre qui a vu naître Jésus, et, sauf exception, nous n’avons pas d’origine juive. Mais parfois, on voudrait déformer ou détourner la parole de Paul et l’on voudrait que l’universalité s’arrête à notre porte ! Mais la venue de Jésus comme Messie et comme Sauveur n’a aucune frontière ni dans le temps, ni dans l’espace ; et la convergence des mages vers la crèche en est la manifestation. Les mages qui ne sont sans doute pas juifs se prosternent devant celui qu’ils appellent le roi des Juifs, et ainsi de cette façon, ils reconnaissent à la fois l’origine de Jésus, et sa destination, celle d’être le Seigneur de toute l’humanité. Sachons nous réjouir que le Christ veuille se donner aussi à celui qui m’est différent, et s’il le fait, c’est précisément pour qu’il ne me soit plus indifférent.

Pour conclure, écoutons et prions avec les derniers mots du pape François dans son encyclique sur la fraternité : « Viens, Esprit Saint, montre-nous ta beauté reflétée en tous les peuples de la terre, pour découvrir qu’ils sont tous importants, que tous sont nécessaires, qu’ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes. Amen ! »