Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon
Martine Faure

1er dimanche de l’Avent B – 29 novembre 2020
Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7 – Ps 79 ( 80) – 1 Co 1, 3-9 – Mc 13, 33-37
Commentaire des textes par Martine Faure

Les lectures de ce dimanche nous invitent à entrer dans la période de l’avent. Une période où nous nous préparons à ce qui advient : la venue du Seigneur parmi nous. Dans des contextes historiques et humains différents, elles nous livrent chacune un enseignement sur cette attente du croyant : quoi et qui attendons-nous ? comment attendons-nous ?

Le texte d’Isaïe est une prière, un psaume, dans lequel le peuple exprime son attente après 50 ans d’exil à Babylone. La joie du retour d’exil a fait place à la déception, l’amertume : le pays n’est plus en effet celui que le peuple a connu : des terres occupées par d’autres populations, le Temple incendié et pillé, Jérusalem détruite. Ce Dieu qui avait sorti leurs pères de l’esclavage en Egypte, qui et où était-il à présent ? Ce qui frappe, au premier regard sur ce texte, ce sont les deux représentations très différentes de Dieu, qui encadrent la prière : l’une, au début, orientée vers le passé : notre rédempteur – l’autre orientée vers le présent : mais maintenant, c’est toi qui nous façonnes.

Quel chemin le peuple a-t-il parcouru dans sa prière ? Dans un premier temps, le peuple s’adresse au Dieu Rédempteur, celui de la sortie d’Egypte
– Il lui exprime son sentiment d’abandon – le supplie de revenir – lui demande de faire un acte de puissance en descendant du ciel pour que les montagnes soient ébranlées – il argumente : Dieu vient rencontrer ceux qui pratiquent la justice et suivent ses chemins.
– Puis il se livre à une relecture de ses fautes, et de l’attitude de Dieu à son égard dans la période qui a précédé l’exil : un Dieu irrité, qui leur a caché son visage et les a livrés au pouvoir de leurs fautes.

Mais dans un 2ème temps, la prière du peuple montre un complet retournement : mais maintenant, c’est toi notre père, nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes. Maintenant : c’est le moment d’un retournement, dans la prière, vers un Dieu qui est présent, qui les façonne comme le potier façonne l’argile, le Dieu de la Genèse, créateur de tout humain. Dans sa prière, le peuple ne s’est pas laissé enfermer dans ses représentations d’un Dieu lointain ou irrité, lui cachant son visage. Son attente s’est ouverte à la connaissance d’un Dieu déjà là, et dont la présence dépasse les limites de son histoire. Elle va consister maintenant à se laisser façonner par le Dieu créateur, dans la confiance en ce qui advient.

Dans l’Evangile de Marc, Jésus, à la veille de sa passion, met en garde à plusieurs reprises ses disciples sur les épreuves qu’ils affronteront dans la suite des temps, après son départ.

Il leur enseigne en quoi consistera leur situation d’attente et précise à la fin que ce qu’il leur dit, il le dit à tous, nous sommes donc tous concernés.

Prenez garde, leur dit-il, ce qui peut se traduire aussi par ouvrez l’œil, et restez éveillés ! Et, pour les faire entrer dans le mystère de cette attente, il utilise une parabole :

Un homme (un humain) s’absente de sa maison, il est en voyage.

Laissant sa maison, il donne à ses serviteurs l’autorité pour la gérer en son absence et répartit entre eux le travail.

La parabole s’achève sur l’ordre de veiller, donné au seul personnage nommé par sa fonction, le portier.

Mais aussitôt la parole de Jésus rebondit sur l’ordre donné au portier en l’adressant directement à son auditoire : « Veillez donc … », comme si l’auditoire était introduit ainsi dans le récit de la parabole. Ainsi sommes-nous tous appelés à la fonction de portier en la situation d’absence du maître. Le portier ne connaît pas le moment de l’arrivée du maître et, dans sa position de veilleur, il ne peut être trouvé endormi, même et surtout pendant la nuit. Dans ce récit de Marc, il n’y a rien à voir, ni à savoir ; ni du moment, ni de ce qui se passera, mais plutôt à entendre : « veillez », cette parole, écoutons-la, en restant à notre poste de portier.

Dans sa lettre, l’apôtre Paul s’adresse aux Corinthiens qui, dit-il, attendent de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ. Ces Corinthiens, nouvellement évangélisés, sont donc à leur tour comme les serviteurs auxquels le maître a laissé sa maison, et comme nous tous, femmes et hommes de notre temps, qui avons la charge de garder la maison en l’absence du maître.

Mais comment tenir dans cette attente ? Aucun don de grâce ne vous manque, leur dit Paul, c’est le Christ, qui nous fera tenir fermement jusqu’au bout, car Dieu est fidèle, lui qui nous a appelés à vivre en communion avec son fils. Alors qu’attendre ? la venue de Dieu parmi nous. Comment l’attendre ? les lectures d’aujourd’hui le disent : en prenant conscience, dans une relecture priante, de ce que nous découvrons du visage de ce Dieu qui nous façonne, – en devenant portier à l’appel du maître non seulement pour chacun de nous, mais, par suite, aussi pour la maison commune, selon l’expression du Pape François – et en veillant, en prenant appui sur le Christ.