Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon
P. Bernard Badaud, administrateur de la paroisse St-Gabriel de Vaise ©dacruzcouto 2024

Ascension – 29 mai 2025

Ac 1-1-11 – Ps 46 (47)2-3, 6-7, 8-9 – He 9, 24-28 ; 10, 19-23 – 24, 46-53

Homélie de Bernard Badaud

St Bernard  a un sermon pour l’Ascension où il commence par dire que si Jésus peut monter au ciel, c’est parce qu’il est d’abord descendu. Et comme St Bernard est passablement agacé par les rêves de promotion et le carriérisme de certains prêtres, il ajoute : « Oh, pour monter et gravir les échelons de la carrière ecclésiastique on en trouve beaucoup mais il y en a très peu qui veulent bien descendre les degrés de l’humilité. ». C’est pourtant ce qui est annoncé à longueur d’Évangile ! Mais cela suppose une vraie conversion du cœur. D’ailleurs dans la première lecture d’aujourd’hui, au livre des Actes des Apôtres, on se rend compte combien les apôtres ont eu du mal à encaisser l’humilité de Jésus. Ils ont des rêves de gloire et de puissance : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? ». Et sous-entendu, quand tu seras roi on aura enfin les bonnes places.  « Donne nous de siéger à ta droite et à ta gauche. ».

Dans la lettre de St Paul aux Philippiens, il y a cet hymne magnifique que nous ne nous lassons pas de faire résonner dans nos cœurs : « De condition divine, Jésus n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu mais il s’est abaissé… ». Et St Paul ne cessera pas de rappeler cette nécessaire humilité pour quiconque veut marcher avec le Christ.  « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est. ».

Ce qui est vrai pour Jésus, cette descente dans les profondeurs de l’humain pour faire monter cette humanité blessée dans le cœur de Dieu, l’est à plus forte raison pour ceux qui veulent suivre le Christ… pour nous, donc ! Mais ça n’aurait aucun sens si nous le vivions comme un effort douloureux et difficile auquel nous accepterions de consentir de plus ou moins bon cœur.

En fait c’est la joie de Jésus, la joie de Dieu que nous sommes invités à partager.  C’est en toutes lettres dans l’Évangile : « Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. » L’épisode de la transfiguration de Jésus offre aussi une belle illustration de cet aller-retour permanent entre ciel et terre. Jésus emmène ses disciples sur une haute montagne… autrement dit une ascension… mais il ne les laisse pas s’installer dans une sorte de confort spirituel issu de leur vision… aussitôt il redescend avec eux dans la plaine et c’est pour se coltiner tout de suite les souffrances et les peines de ceux qu’il rencontre. L’Évangile nous rapporte tout de suite après la transfiguration le cri de ce père qui s’adresse à Jésus pour qu’il délivre son enfant du mal qui le mine. C’est bien ce que les anges disent aux apôtres : il ne s’agit pas de rester là à contempler le ciel !

Je pense à ce beau cadeau qui m’a été fait au début de cette semaine. J’ai été invité à participer à la bénédiction de la chapelle du foyer Clairefontaine, foyer qui accueille des personnes adultes sourdes avec handicaps associés. C’est rue des jardins au bas de Duchère. J’ai donc fait une petite ascension pour m’y rendre et j’y ai respiré la joie de l’Évangile. Et pour parler comme le pape François : l’odeur des brebis… 

Alors dans notre monde ravagé par les désirs de puissance et de domination, par la course à la rentabilité et la marginalisation des faibles, je me suis dit : voilà, ici, je suis en présence de ce que Dieu a choisi pour confondre la force brutale, ici, je me tiens avec ceux-là dans la compagnie de Jésus qui est descendu au tréfonds de notre humanité pour la conduire jusqu’au cœur de Dieu.