Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon

5ème dimanche de Carême A – 26 mars 2023
Ez 37, 12-14 – Ps 129 (130) – Rm 8, 8-11 – Jn 11, 1-45
Homélie du P. Franck Gacogne

Mort et résurrection : avec les textes de ce jour, nous sommes au cœur de la foi chrétienne car au cœur du mystère de Pâques que nous vivons chaque dimanche. C’est le cœur de la foi en Jésus-Christ à laquelle la semaine Sainte nous initie.

Dieu a-t-il quelque chose à voir avec la mort ? Quand la mort survient pour l’un de nos proches, en est-il la cause ? Pourrait-il l’éviter ? J’aimerais tant que chacun de nous connaisse par cœur et médite ce verset du livre de la Sagesse : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. » (Sg 1, 13). Ce verset nous apporte deux affirmations essentielles :
1. Dieu n’est pas la cause de la mort, il n’en porte aucune responsabilité.
2. Quand elle survient, il en est accablé.
Comment se fait-il alors que nous doutions souvent de ces deux points. Il m’arrive de lire des avis de décès dans des journaux chrétien, et il n’est pas rare d’y trouver des formulations telles que « Il a plu à Dieu de rappeler à lui… », laissant planer une grave ambiguïté, d’une part que Dieu puisse être à l’initiative d’une mort, et d’autre part, comble du cynisme, qu’il y prendrait goût !

Laissons-nous donc instruire par le récit de Lazare : Quand Jésus décide de se rendre à Béthanie, il sait déjà que son ami Lazare est mort, il dit ceci : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là ». Attention, ce n’est pas de la mort de son ami Lazare qu’il se réjouit évidemment puisqu’il est au contraire « saisi d’émotion et bouleversé » il en est ému jusqu’au entrailles et parce qu’il pleure son ami Lazare. Ce dont il se réjouit, c’est d’avoir été absent. Cette phrase de Jésus à ses disciples peut nous choquer, et même nous scandaliser. D’ailleurs Marthe comme Marie, toutes les deux lui disent : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » D’autres s’interrogent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »

Eh bien non ! En effet, son absence volontaire veut souligner son impuissance. Si Jésus nous dit qu’il se réjouit de n’avoir pas été là au moment de la mort de Lazare, c’est pour nous faire comprendre qu’il n’a aucun pouvoir sur la mort, qu’il n’est ni celui qui peut nous en faire réchapper, ni celui qui nous l’inflige. Jésus est dissocié de ce moment le plus opaque et le plus inconnu de notre existence, de toutes les existences. Jésus en est dissocié mais il n’en est pas exempté, nous le savons bien. Sur la croix, Jésus lui-même expérimente douloureusement le silence de son Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Je crois que son Père qu’il appelle, n’est pas l’observateur impuissant de cet événement, il en est encore moins celui qui l’y conduit. Impuissant face à la mort, en effet, son Père l’est bien. En revanche, il n’est pas au spectacle, je crois profondément qu’à cet instant-là, le Père traverse cette mort avec son Fils, qu’il est avec Lui, qu’il est en Lui, voilà pourquoi aucune réponse à l’appel de Jésus ne peut lui arriver.

Jésus n’est pas venu pour que les hommes ne connaissent plus la mort, mais il est venu pour que, si la mort survient, il puisse nous donner la vie, sa vie au-delà de la mort ! Voilà où se situe la présence et la capacité de Dieu. Voilà pourquoi, c’est le troisième jour qu’il décide d’aller à la rencontre des sœurs de Lazare pour décliner son identité et se révéler : « Je suis la Résurrection et la Vie […] crois-tu cela ? ». Par ce « je suis… », Jésus ne nous parle pas seulement de la résurrection pour après, mais aujourd’hui et maintenant et il nous interroge : « le crois-tu ? ».

La résurrection et la vie, c’est déjà aujourd’hui : Jésus se révèle pour notre aujourd’hui afin de toujours nous faire renaître à sa vie, c’est le sens du baptême qui nous a plongé dans sa mort afin que nous vivions de sa vie aujourd’hui. La vie de Dieu n’est pas en attente, elle est d’ores et déjà la vie que nous pouvons saisir et nourrir, par les sacrements, par nos engagements envers tous ceux qui vivent une forme de précarité. L’impératif crié par Jésus est sans ambiguïté et il nous est adressé : « Viens dehors », « relève-toi », « déliez-le »… Dieu nous appelle aujourd’hui à nous lever de nos tombeaux. Amen.