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Tuan NGUYEN

8ème dimanche du temps ordinaire, dimanche de la Sainte Trinité  – 26 mai 2024

Dt 4, 32-34.39-40 – Ps 32 (33), 4-5, 6.9, 18-19, 20.22 – Rm 8, 14-17 – Mt 28, 16-20

Homélie de Fr. Tuan Nguyen

Vers la sainte Trinité

Après les jours de grandes fêtes, Pâques, l’Ascension et la Pentecôte, nous voilà retour au temps dit ordinaire ! Avons-nous le sentiment que nous rentrons dans le ronronnement du quotidien ?  Non, toutes les grandes fêtes montent vers cette grande fête que nous fêtons aujourd’hui :  la sainte Trinité. C’est le cœur de notre foi puisque fêter le mystère d’un Dieu qui est Un, mais à la fois qui est Père, Fils et Esprit Saint, c’est célébrer notre vocation.

Dieu est relation et communion

            Parler du mystère de la Trinité nous suscite la difficulté de tout comprendre. Il est Un seul Dieu, mais en même temps trois personnes. Très vite dans l’Église des premiers siècles, il fallait rendre compte de la foi, c’est-à-dire préciser le contenu de la foi pour répondre aux critiques des non croyants, mais aussi pour l’évangélisation. On se posait des questions sur Jésus, sur l’Esprit saint, etc… Le débat a été houleux, et non sans violence. Je vous en passe les détails. 

            Vouloir tout comprendre sur Dieu sera une grande illusion. On raconte que Saint Augustin, en essayant de comprendre ce mystère d’un Dieu trois personnes, rencontra un jour un garçon qui versait l’eau de la mer avec un coquillage dans un trou de sable. Il trouva que l’activité était inutile. Le garçon lui dirait que peut-être, mais cela me serait plus facile qu’à Augustin d’épuiser, avec les seules ressources de la raison humaine, les profondeurs du mystère de la Trinité ! C’est une légende datée du 13e siècle ! Pour dire que Dieu est mystère, non pas au sens inaccessible, mais au sens qu’Il est inépuisable et insaisissable. Si le mystère de la Trinité échappe à nos réflexions spéculatives, c’est Dieu lui-même qui s’est révélé comme un Dieu de la relation et de communion.

            Les derniers mots selon saint Matthieu au chapitre 28 Jésus nous le disent. Jésus envoie ses disciples à aller pour faire de toutes les nations ses disciples en baptisant au Nom du Père, du Fils et du saint Esprit. Le terme « trinité », trois n’est pas apparu ici. Il s’agit bien de trois personnes divines. Jésus révèle quelle est l’identité de Dieu. Dieu est relation, non pas n’importe laquelle, une communion d’amour.

            Parmi les apôtres, y a un qui a reçu ce don en parlant de Dieu, il a essayé de dire ce qu’est Dieu, que vous connaissez dans la 1e lettre de Saint Jean : Dieu est amour !  (1 Jn 4, 16)

            L’amour divin est ce qui fait l’unité en Dieu. Saint Augustin, dans son traité sur la Trinité, tente de comprendre peu ou prou le mystère de Dieu trinitaire, il disait à sa façon qu’en Dieu, Dieu le Père est celui qui aime, Dieu le Fils est celui qui est aimé et Dieu esprit saint est l’amour (amans, amatur, amor) (Sur la Trinité, VIII). C’est comme une flamme unique dont on ne peut analyser, ni séparer la lumière.  

            Le pape François, dans la prière du midi 2013, dit ceci : « Ce n’est pas un amour sentimental, émotif, mais l’amour du Père qui est à l’origine de toute vie, l’amour du Fils qui meurt sur la croix et ressuscite, l’amour de l’Esprit qui renouvelle l’homme et le monde. » (Pape François, angélus 2013).  

Les fêtes des mères et la sainte trinité ?

            Ce dimanche nous fêtons les mères. Que fêtons-nous ? Nous célébrons l’amour inconditionnel d’une mère envers ses enfants. Une mère, c’est un être d’amour qui nourrit, qui prend soin de ses enfants, qui protège contre tous les dangers. Jésus nous dit que Dieu est pour nous un Père. Mais, ne cherchons pas trop à savoir s’il est homme ou femme, contemplons ce mystère de la Trinité, mystère de communion d’amour, nous voyons que Dieu a aussi le cœur d’une mère.

            Dans la Bible, Dieu est aussi présenté comme une mère. Dans le livre de Isaïe, Dieu dit : « Une femme oublie-t-elle son nourrisson ? N’a-t-elle pas compassion du fils de ses entrailles ? (Is 49, 15) Dieu agit comme toute mère qui aime inconditionnellement ses enfants. Puis, un autre exemple. Dieu est appelé le Dieu aux deux seins : « grâce au Dieu de ton père – qu’il te vienne en aide ! grâce au Puissant – qu’il te bénisse ! D’en haut, bénédictions des cieux ! Bénédictions de l’abîme tout en bas ! Bénédictions des mamelles et du sein ! » (Gn 49, 25). 

Vocation chrétienne

            Parler de Dieu sous les traits maternels, c’est pour souligner que Dieu est fondamentalement communauté d’amour. La relation y est la relation réussie, comme disait quelqu’un, car chaque personne trouve sa place et chacun devient ce qu’il est, dans une communion parfaite. Mais Dieu ne se ferme pas sur lui-même. Il est relation qui s’ouvre et accueille. Nous comprenons alors pourquoi Dieu a créé, pourquoi il a choisi un peuple pour faire alliance avec lui, ce qui a été dit dans la première lecture, pourquoi il veut qu’il vive dans la liberté, pourquoi il a envoyé Jésus Christ et Saint Esprit, c’est pour nous inviter à entrer dans cette communion divine, cette relation qui fait vivre. La plus haute Vocation chrétienne, voire l’accomplissement de l’humanité, c’est parvenir à cette communion avec Dieu. A notre baptême est nous avons été plongés dedans, dans ce Nom qui est la Communion divine. Saint Paul dans la lettre aux Romains ce matin nous dit : nous sommes enfants de Dieu par le Christ et dans l’Esprit. Nous ne sommes plus des étrangers ! Dieu nous invite à sa table. J’aime beaucoup cette icône faite par le moine Roublev. Qui essaie de décrire le mystère de la Trinité : Père, Fils, Esprit Saint autour d’une table.  

            Aujourd’hui, nos amis, Julius, Samuel, Ludwine, Valérie, Mikaël, vont faire leur première communion, ils vont recevoir le Christ pour la première fois. Le Christ les conduit vers la communion avec la saint Trinité. Ils sont emportés dans cet espace de plus en plus vaste… car l’amour de Dieu a été répandu dans leurs cœurs par l’Esprit saint (Rm 5,5). Chers amis, soyez confiants, malgré ce que vous êtes, avancez à la table du Seigneur, cette communion d’aujourd’hui anticipe déjà ce que vous serez dans la pleine communion avec la sainte Trinité.

            Dieu n’est pas solitude, mais communion d’amour. Estimons-nous heureux d’être invités à Le rejoindre pour partager sa vie ? Comme chantait le psaume, Heureux le peuple dont le Seigneur est leur Dieu ! Puissions-nous éprouver cette joie dès maintenant et puissions-nous vivre à l’exemple de la sainte Trinité, nous qui avons été créés à son image et à sa ressemblance.    

Fr Tuan, assomptionniste