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Michel Quesnel

4e dimanche de Pâques B – 25 avril 2021
Ac 4, 8-12 – Ps 117 (118) – 1 Jn 3, 1-2 – Jn 10, 11-18
Homélie du P. Michel Quesnel

Ce dimanche est traditionnellement appelé Dimanche du Bon Pasteur. La figure de Jésus bon berger est mise en avant par le discours que Jésus prononce chez saint Jean, après avoir guéri l’aveugle-né.

En se nommant ainsi, Jésus reprend toute une tradition biblique. Dans l’Israël ancien, c’est d’abord Dieu le berger de son peuple : « Comme un berger il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent » (Isaïe 40,11). Mais au cours de l’histoire, il a délégué cette fonction pastorale à des chefs du peuple : Moïse, Josué, David, et les rois à sa suite.

Hélas, les bergers d’Israël ont été de mauvais bergers, se servant de leur fonction royale pour leur propre profit et non pour le bien-être du peuple. Cela a été fortement dénoncé par Ezéchiel, prophète du temps de l’Exil : « Quel malheur pour les bergers d’Israël qui sont bergers pour eux-mêmes ! N’est-ce pas pour les brebis qu’ils sont bergers ? Vous, au contraire, vous avez bu leur lait, vous vous êtes habillés de leur laine, vous égorgez les brebis grasses, vous n’êtes pas bergers pour le troupeau. Vous n’avez pas rendu des forces à la brebis chétive, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée » (Ez 34,2-4).

L’attente était grande d’un roi juste, qui prendrait soin du troupeau. C’est un aspect de l’attente du Messie dans l’espérance juive. Jésus annonce qu’il est cet homme-là.

Il y a inévitablement contraste avec les autres chefs du peuple qui ne sont pas de bons bergers et qui s’enfuient dès que le loup approche.

Parmi ces mauvais bergers, il y a les personnes qui interrogent Pierre et Jean, dans les Actes des Apôtres, après qu’ils ont donné la mobilité à un homme handicapé de naissance. Ils sont nommés dans le texte, juste avant le passage que nous avons entendu. Ce sont les chefs du peuple, les anciens et les scribes, auxquels se sont adjoints Hanne le grand prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre, et tous ceux qui appartenaient aux familles des grands prêtres. Déjà, c’étaient des hommes de ce milieu-là qui avaient livré Jésus à Pilate. Et Pierre sait le leur rappeler : « Comment cet homme a été sauvé ? C’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié. »

Et maintenant, au lieu de se réjouir de la guérison de cet homme, ils ont du soupçon pour ceux qui la lui ont donnée : « Par quelle puissance, par le nom de qui, avez-vous fait cette guérison ? »

Cherchent-ils le bien de leurs brebis dont fait partie cet homme, né lourdement handicapé ? Non ! Ce qu’ils éprouvent, c’est le soupçon et le désir de donner la mort.

En contraste, ce que Jésus éprouve dans l’évangile de Jean, c’est la libre acceptation de cette mort que les mauvais bergers veulent lui donner. Jésus donne à sa mort une triple dimension : elle fait partie de la relation d’amour entre lui-même et son Père ; Jésus l’accepte en pleine liberté ; et elle est inséparable de la résurrection.

Comment pouvons-nous réagir devant un tel contraste entre les mauvais et les bons bergers ?

La 1ère épître de Jean peut nous y aider : elle nous dit que nous sommes appelés « enfants de Dieu ». Autrement dit, nous sommes intégrés à la relation d’amour qui existe entre Jésus et son Père. C’est ce que saint Paul exprime également quand il écrit de Jésus qu’il est « le premier-né d’une multitude de frères » (Rm 8,29).

Si l’Eglise est menée par des mauvais bergers, nous avons le droit et le devoir de dénoncer leur comportement, comme l’a fait Ezéchiel. L’omerta n’est pas acceptable dans l’Eglise.

Si, comme à Jésus, des gens mal intentionnés nous veulent du mal, que cela ne nous conduise pas à avoir peur et à nous taire. La vie des martyrs est plus féconde que la vie des gens qui se préservent. Jésus a dit cela maintes et maintes fois : « Qui veut sauver la vie la perdra. »

Etant tous enfants de Dieu, nous appartenons à la même famille. Même si nous n’avons pas de responsabilité pastorale, nous avons une responsabilité de solidarité envers nos frères dans la foi et envers nos frères humains tout court. N’hésitons à panser la brebis blessée, comme l’écrivait Ezéchiel, quelles que soient ses blessures. Et la situation de pandémie blesse de nombreux frères.

Et n’hésitons pas non plus à prier Dieu pour qu’il fasse se lever, dans l’Eglise, des frères qui accepteront de devenir bergers, pasteurs, en consacrant leur vie tout entière au service du peuple de Dieu. Le Dimanche du Bon Pasteur est traditionnellement le dimanche de la prière pour les vocations. Cela fait aussi partie de nos responsabilités.