Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon

5ème dimanche de Carême B –21 mars 2021
Jr 31, 31-34 – Ps 50 (51) – He 5, 7-9Jn 11, 1-45 (Année A : Lazare)
Homélie du P. Franck Gacogne

Le réveil de Lazare nous raconte la résurrection de Jésus et la nôtre. Oui, bien sûr, je ne fais pas erreur en vous disant cela, c’est d’ailleurs le but que ce sont donné les évangélistes en rédigeant cette Bonne Nouvelle. St Jean lui-même l’explique à la fin de son livre : « Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. » (Jn 20, 30-31) La visée des évangiles est donc bien de nous révéler l’identité de Jésus. Aujourd’hui, nous l’entendons dire à Marthe : « Je suis la Résurrection et la Vie » (Jn 11, 25). Depuis le buisson ardent, ce « Je suis… » par lequel Dieu se présente à Moïse doit sonner à nos oreilles comme un indice, comme la pointe du récit par laquelle Dieu veut se révéler.

 

Quand Jésus décide de se rendre à Béthanie, il sait déjà que son ami Lazare est mort, il dit ceci : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là ». Cette phrase de Jésus à ses disciples peut nous choquer, et même légitimement nous scandaliser. Pourquoi Jésus choisit-il de nous laisser seul avec la mort ? Serait-il insensible à notre douleur, à notre deuil ? Comment ce cri, cette interrogation ne viendrait-elle pas à nous en ce temps d’épidémie qui frappe tant de familles ? Il ne s’agit pas de cela, Jésus n’est pas insensible, nous l’avons entendu, il est au contraire « saisi d’émotion et bouleversé », il très atteint par cette souffrance qu’il partage, en pleurant avec ses amis la mort de Lazare.

Marthe comme Marie, toutes les deux lui disent : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » D’autres s’interrogent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Eh bien non ! En effet, son absence volontaire veut le souligner. Si Jésus nous dit qu’il se réjouis de n’avoir pas été là au moment de la mort de Lazare, c’est pour nous faire comprendre qu’il n’a aucun pouvoir sur la mort, qu’il n’est ni celui qui peut nous en faire réchapper, ni celui qui nous l’inflige. La mort est ce moment le plus opaque et inconnu de notre existence, de toutes les existences, et seul celui qui la traverse l’expérimente.

 

Même très entouré, tous les autres s’arrêtent au seuil de la tombe, on y entre seul… Nous le savons bien, sur la croix, Jésus lui-même expérimente douloureusement le silence de son Père. Je crois que son Père qu’il appelle, n’est pas l’observateur impuissant de cet événement. Impuissant face à la mort, en effet, il l’est bien. En revanche, il n’est pas au spectacle, je crois profondément qu’à cet instant-là, le Père n’est pas en vis-à-vis de son fils, mais qu’il traverse cette mort avec son Fils, qu’il est avec Lui, qu’il est en Lui, voilà pourquoi il n’est pas en mesure de répondre.

 

Jésus se réjouis donc de n’avoir pas été là à la mort de Lazare pour nous faire comprendre que sa parole n’est jamais puissante à empêcher la mort sur laquelle il n’a aucune prise, mais, en revanche, que sa parole n’est puissante qu’à donner la vie. Voilà pourquoi, c’est le troisième jour qu’il décide d’aller à la rencontre des sœurs de Lazare pour décliner son identité et se révéler : « Je suis la Résurrection et la Vie […] crois-tu cela ? ». Par son « je suis… », Jésus ne nous parle pas de la résurrection pour après, mais aujourd’hui et maintenant et il nous interroge : « le crois-tu ? ». Chers catéchumènes, c’est cette question essentielle qui vous sera posée juste avant d’être baptisés dans deux semaines : « Crois-tu que Jésus est la résurrection et la Vie ». Par notre baptême, Jésus nous exhorte à vivre de sa Vie et vivre en ressuscité. Il a la gorge nouée de nous voir enfermé, confiné, ficelé comme Lazare, et il nous dit « Viens dehors ». Sois libéré de toute superstition, tout fatalisme, tout accusation de Dieu pour ce qui arrive… Mais entre au contraire dans la foi, et exerce la liberté que Dieu te donne de vivre et d’offrir ta vie aujourd’hui humblement par ton service. Amen.