
5ème dimanche de Pâques – 18 mai 2025
Ac 14, 21b-27 – Ps 144 (145) 8-9, 10-11, 12-13ab – Ap 21, 1-5a– Jn 13, 31-33a.34-35
Homélie de frère Tuan Nguyen
« Le Seigneur est tendresse et pitié, Il est lent à la colère, et plein d’amour. La bonté du Seigneur est pour tous, Sa tendresse pour toutes ses œuvres ».
Ces quelques versets sont du très beau psaume 145, il est lu chaque matin par un croyant juif. Le matin, c’est l’aube d’un jour neuf qui évoque l’aube du jour de Dieu, la mémoire de son œuvre, du monde à venir, le Royaume de Dieu, de la création renouvelée… On voit tout de suite la résonnance que cela prend avec nous, chrétiens, en ce temps pascal. Par la venue et la résurrection de Jésus, l’amour de Dieu atteint son sommet. C’est un amour qui renouvelle et recrée sans cesse.
C’est ainsi que les apôtres Paul et Barnabé ont été envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu : Jésus Christ. Ils ont parcouru toute l’Asie Mineure, la Turquie actuelle, ils s’adressaient d’abord à leurs frères juifs dans les synagogues, puis aux païens. De retour à Antioche, ils racontent à l’Eglise, d’après l’auteur du livre des Actes : « ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment Il avait ouvert aux nations la porte de la foi ». Paul et Barnabé ouvrent ainsi à ceux qui ne connaissent pas Dieu, Cette Porte en personne de Jésus par laquelle ils découvrent l’amour de Dieu.
Tout envoi en mission est donc ouverture d’une porte pour tous les hommes. Chaque baptisé est un disciple missionnaire à sa place, en son temps. Aujourd’hui, nous avons conscience que le monde évolue très vite et qu’il s’ouvre à des horizons très nouveaux, du fait du développement de la science et des technologies. De plus, les défis sociétaux ne manquent pas. Une nouvelle société, marquée par l’emprise du numérique, en intelligence artificielle et en bien d’autres domaines, s’ébauche. Comment l’évangile va-t-il la rejoindre ? Quels seront les Paul et Barnabé qui vont annoncer le Christ, son amour et celui de Dieu ?
Accueillir l’amour divin et total de Dieu, tel qu’il a été annoncé par le Christ, revient à le vivre non pas seulement vis-à-vis de Dieu mais le laisser infuser notre vie. Cela se traduit par la charité envers les autres. Dans le passage de l’évangile que nous avons écouté, Jésus laisse un commandement nouveau à la veille de sa passion, comme un testament : « Petits enfants, je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. »
Ce commandement nouveau dont la nouveauté ne réside pas tant dans l’invitation à l’amour chrétien, car ceci était déjà présent dans l’Ancienne Alliance et dans la Loi de Moïse. On pense aux textes du Deutéronome « Écoute, Israël, tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force », et du livre du Lévitique : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
La nouveauté de l’évangile réside dans le « comme je vous ai aimé » de Jésus. Jésus se donne en exemple, ses paroles font suite, dans ce dernier repas, au geste surprenant du lavement des pieds de ses disciples et de cet abaissement de leur maître, à la manière d’un serviteur. « Si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres : car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le-vous aussi. » Dans ce geste à l’égard de ses amis, Jésus donnait le signe de son abaissement, qui n’était autre que celui de son amour pour eux, jusqu’à l’extrême. Bien sûr, ce signe n’est pas réservé aux seuls 12 apôtres, mais en direction de toute l’humanité, tel est le sens que le nouveau rituel de l’Eglise proposé par le pape François pour le Jeudi Saint, où le prêtre peut laver les pieds à des femmes et des non-chrétiens.
La nouveauté réside dans cette exhortation d’aimer de la même manière que Jésus a aimée. Cela parce que Dieu le Père l’a tant aimé et qu’il souhaite que cela se répande. Si Jésus a laissé ce commandement nouveau, c’est pour que nous, chrétiens, devenions semblable à Dieu : une communauté d’amour divin, Père, Fils et Esprit Saint. C’est cela le cœur du fait d’être chrétien : être relié à Dieu d’amour et aux autres par la même charité divine.
Pour terminer, je rapporte ici les mots très forts du pape Léon XIV, dont la messe d’inauguration ce matin à Rome :
« Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas ! Nous sommes tous entre les mains de Dieu. C’est pourquoi, sans crainte, unis main dans la main avec Dieu, et les uns avec les autres, allons de l’avant. Nous sommes les disciples du Christ. Le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière… »
Oui, savoir avec certitude que l’amour de Dieu est total, infini pour tous aide à devenir plus humain. En aimant les uns les autres comme le Christ a appris, les chrétiens touchent ce Dieu en qui ils croient. Puissions-nous devenir de témoins fidèles de son amour et de véritables missionnaires. Ainsi soit-il.