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Solennité de l’Assomption de Marie A – 15 août 2023
Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab – Ps 44 (45) – 1 Co 15, 20-27a – Lc 1, 39-56
Homélie du P. Franck Gacogne

Le plus souvent, nous avons une approche chronologique des textes évangéliques, cela nous semble nécessaire pour nous repérer dans « l’histoire sainte » : nous aimons entendre dans l’ordre l’Annonce à Marie, sa visite à sa cousine Elisabeth, puis la nativité de Jésus, sa résurrection, la Pentecôte et l’Assomption de Marie. Seulement voilà, il se trouve que la liturgie aime nous faire des clins Dieu car dans la foi chrétienne, c’est par la fin que l’on comprend le commencement et par conséquent, les récits de commencement rédigés après la fin annoncent déjà la fin !

Je m’explique : c’est parce que Jésus dans sa mort et sa résurrection a été reconnu grâce à la foi des disciples comme le Fils de Dieu, le Messie attendu, que ces mêmes disciples ont construits, remplis de cet éclairage, les récits qui en annonce la venue. Dans ces récits, il est toujours intéressant de chercher et de méditer l’annonce d’un programme déjà accompli.

Le jour de l’Assomption de Marie qui nous porte plutôt vers la fin, vers la vie en Dieu dans sa gloire, la liturgie nous donne de méditer un passage des commencements : celui de la Visitation. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais j’ai commencé la lecture en disant « Marie se leva en ces jours-là » alors que la traduction liturgique comme toutes nos bibles ne disent jamais qu’elle se lève. Curieusement, toutes les traductions sautent ce premier mot grec du verset 39 : « anastasis » qui est pourtant l’un des mots les plus importants de l’évangile puisqu’il dit la résurrection. Le premier mouvement de Marie annonce sa foi et la fin de l’évangile. Oui, si Marie peut se redresser et partir avec enthousiasme à la rencontre d’Elisabeth, c’est parce qu’elle a mis sa foi dans le Seigneur et qu’elle a perçu l’accomplissement de la révélation.
Le magnificat de Marie nous donne à entendre ce que Jésus a accompli. Marie commence par décliner l’identité du Seigneur : « Saint est son nom » et vient ensuite la raison tout à fait inattendue et surprenante de cette sainteté :

« Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »

Et chacun de nous peut facilement associer à ces mots une attitude, une parole de Jésus. Sa miséricorde, sa compassion n’a cessé de se déployer dans chacune de ses rencontres qui sont le cœur de la Bonne Nouvelle ; le renversement entre les puissants et les humbles, entre les riches et les affamés, là encore Jésus n’a cessé de l’enseigner en annonçant aux derniers qu’ils sont premiers dans le Royaume, en disant qu’il est venu non pour les justes et les biens portants mais pour les pécheurs, en se faisant lui-même le Serviteur de tous. Oui, vraiment, Marie nous indique avec force qu’un tel accomplissement nous révèle la sainteté de Dieu : « Saint est son nom ».

Cette rencontre est alors placée sous de signe de l’action de grâce, de l’exultation de joie. Regardons la nature de cette rencontre : Marie et Elisabeth se bénissent réciproquement. Par leurs attitudes et leurs paroles, chacune dit de l’autre qu’elle est une « belle personne » comme on dirait aujourd’hui. Bénédictions : ce sont des paroles qui disent et qui font du bien. Attention, ce n’est pas de la flagornerie, elle ne se jettent pas des fleurs, leurs joies découle du mystère de Dieu même qu’elles ont perçue, parce qu’elles en sont les témoins privilégiées et les humbles bénéficiaires. C’est peut-être alors l’occasion de nous interroger sur nos propres rencontres, nos échanges. Sont-ils aussi pétris de cette attention à l’autre, nos conversations sont-elles faites de paroles de bénédictions, qui marquent et signifie la présence de Dieu que je veux louer dans cette personne rencontrée ? A l’entrée de l’église vous avez été invités à saisir une ou plusieurs cartes de la vierge de cette église. Il y a des personnes dont vous savez qu’elles auraient besoin de recevoir des paroles de bénédiction qui disent la gloire de Dieu. Ces cartes sont destinées à être envoyée comme le cadeau que marie fait à sa cousine Elisabeth.

Très belle fête de l’Assomption à tous.