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Assomption de la Vierge Marie – 15 août 2021
Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab – Ps 44 (45) – 1 Co 15, 20-27a – Lc 1, 39-56
Homélie du P. Franck Gacogne

Frères et sœurs, le 15 août, nous fêtons l’Assomption de la vierge Marie, et j’aimerais que nous sortions d’un imaginaire pieussard et lissé que l’on a si souvent plaqué sur la figure de Marie, une gangue un halo accolé sur elle par des siècles de dévotions, faisant de Marie une figure centrale de la vénération des catholiques certes, mais une figure biaisée, parce que silencieuse et figée dans le teint cireux des statues. Or, il se trouve que tout cela est complètement étranger à la manière dont l’évangéliste Luc nous la présente.

Nous fêtons une femme, et quelle femme ! Dans une société excessivement patriarcale, l’évangéliste Luc ose nous livrer les paroles révolutionnaires de Marie et il nous dévoile ainsi le visage d’une battante et d’une croyante.

Marie est une battante. Elle ne reste pas béate devant la nouvelle reçue de l’ange Gabriel, elle se met en route « avec empressement » nous dit Luc pour aller visiter sa cousine parce qu’au-delà de ce qui lui arrive à elle-même, elle perçoit probablement sa responsabilité d’aller soutenir sa cousine âgée et avancée dans sa grossesse. Marie est une battante parce que c’est ainsi qu’elle décrit son Seigneur : « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. ». Ses paroles annoncent le programme qu’accomplira Celui qu’elle enfantera. Marie l’aidera ainsi à grandir en sagesse et en intelligence, et Jésus accomplira en effet ce que Marie annonçait.

Marie est une croyante : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole ». Marie perçoit fondamentalement qu’elle est inapte à la mission qui lui est demandée, et c’est précisément parce qu’elle sait de pas être à la hauteur, qu’elle met entièrement sa confiance dans le Seigneur et nous montre sa foi. Elle reconnaît en toute humilité que seul le Tout-Puissant peut faire son œuvre dans sa vie. Elle exprime alors son consentement et sa joie de pouvoir servir le plan de Dieu pour manifester au monde son amour : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. ».

Nous le voyons, dans l’évangile, Marie est présentée dans un rôle primordial et essentiel, et c’est aussi le cas d’autres femmes comme Marie-Madeleine que nous fêtions il y a quelques semaines et qui la première sera témoin de la résurrection. Interrogeons-nous donc 20 siècles après : quelle est la place des femmes dans l’Eglise et dans la société. Récemment, le pape François demandait à tous les catholiques de signifier clairement la place qui revient aux femmes en instituant des ministères à travers lesquelles elles seraient reconnues dans la liturgie, dans la catéchèse, dans l’animation pastorale. Hommes, catholiques, savons-nous honorer les femmes hors des églises comme nous aimons le faire pour la vierge Marie dans chacune de nos églises ? Notre comportement est-il cohérent ? Femmes, catholiques, osez-vous suffisamment vous impliquer en Eglise, vous proposer, vous présenter non pas comme « épouse de… » mais unetelle, unique en dignité devant Dieu, car hommes et femmes, il les créa à son image.

La Parole de Dieu : un évangile aussi audacieux a su émerger il y a 20 siècles. C’est pour qu’il soit pour chacun de nous, ici et maintenant une Parole vivante qui guide nos pas et notre foi en Eglise. Saurons-nous de pas l’atténuer et lui faire honneur aujourd’hui en étant nous aussi à la manière de Marie des femmes et des hommes de convictions : des battants et des croyants. Amen.