Open/Close Menu Paroisse catholique à Lyon

11e dimanche du temps ordinaire B – 13 juin 2021
Ez 17, 22-24 – Ps 91 (92) – 2 Co 5, 6-10 – Mc 4, 26-34
Homélie du P. Franck Gacogne

Quelques versets avant ces deux petites paraboles, Jésus avait offert à la foule la grande parabole du semeur et il l’avait ensuite expliqué en particulier aux Douze apôtres. Et voilà qu’à nouveau il est question de semences pour leur faire comprendre ce qu’est le Règne de Dieu. Et l’évangéliste Marc nous dit qu’ainsi : « Jésus leur annonçait la Parole ». Voilà toutes les raisons de penser que c’est la propre parole de Jésus qui est semée. Que c’est sa Parole qui germe et grandi on ne sait comment, dans ton cœur Colombe, au sein d’une communauté rassemblée, au point que des confirmés, des néophytes témoignent qu’en eux-mêmes, ce blé a mûri tout au long de l’année, qu’il est plein comme l’épi, plein d’autres paroles qui ont germés et qui à leur tour peuvent maintenant être semées. C’est le temps de la moisson, pour 18 enfants de notre paroisse, qui font leur première communion en ce mois de juin, pour 9 adultes qui ont été confirmés à pentecôte, pour Tuan qui sera ordonné prêtre dimanche prochain… Nous partageons leur joie. Pour que la Parole continue son œuvre, il n’y a qu’une seule condition nous dit Marc : que cette Parole soit semée, c’est-dire que notre vie soit donnée, alors lui-même se chargera bien de la croissance, on ne sait pas bien comment. Mais Marc nous invite à bien observer et à rendre grâce.

La deuxième parabole évoque elle aussi la croissance de la personne qui goûte à la Parole de Dieu, mais en plus, Marc nous dit que c’est un lieu de resourcement, un lieu de repos, un abri rassurant pour d’autres qui s’en approchent : « les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre ». Laissons le Seigneur, laissons sa Parole d’Amour croître en nous, alors sans le chercher ni le vouloir particulièrement, la stature que le Christ nous donnera sera un refuge pour beaucoup de petits malmenés par la vie, exclus ou en difficultés.

Le « Royaume de Dieu » ! C’est de cela qu’il est question dans notre évangile. Si Jésus nous propose autant de paraboles différentes pour en parler c’est parce que, une seule ne suffit pas pour le décrire, c’est pour ne jamais pouvoir se l’approprier, le capturer, l’enfermer dans une définition. La parabole ouvre un mystère, non pas une énigme mais un mystère. Il y a une différence entre les deux : le mystère ne cherche pas de solution, alors qu’avec l’énigme, on est entièrement obnubilée par la solution à trouver. Le mystère, lui, ouvre à la recherche d’un sens, le mystère ouvre à la vie, il est comparable, pour utiliser deux images, à un puits sans fond ou un océan sans rivage. Nous sommes appelés à puiser tout en sachant que nous ne tarirons jamais la source et que nous ne toucherons jamais son fond, nous sommes appelés à naviguer mais sans jamais poser le pied sur une terre dont nous pourrions devenir les propriétaires. Le Royaume de Dieu ne se possède pas, il s’accueille. Il n’est pas un produit fini que je peux mériter ou acheter, non, il est en construction, en croissance. J’aime bien l’image du dessin en perspective : le Royaume de Dieu, ce serait le point de fuite de la perspective, il attire notre regard et nous donne d’avancer vers lui. Mais on ne l’atteint jamais vraiment, il recule au fur et à mesure que l’on avance vers lui tout en restant désirable et attrayant. Oui, je crois que c’est en avançant vers le Seigneur, qu’ici même notre vie se met en perspective, que l’on découvre le Royaume, qu’on le goûte, et qu’il advient. Le Royaume se vit et s’expérimente sur le chemin et non pas à son terme (Colombe, tu l’as très bien compris en parlant longuement dans ta lettre du chemin vers Emmaüs), le Royaume, c’est quand nous découvrons par hasard que le Christ y chemine avec nous, que nous pouvons entrer en relation avec lui, le recevoir comme un compagnon de route, nous en nourrir dans l’eucharistie et le partager dans nos engagements : cela nous fait grandir dans la foi et rend nos cœurs tout brûlants.

Merci Seigneur de nous donner à recevoir et à faire grandir ton Royaume ici et maintenant. Amen.