32ème dimanche du temps ordinaire – 10 novembre 2024
1 R 17, 10-16 – Ps 145 (146), 6c.7, 8-9a, 9bc-10 – He 9, 24-28 – Mc 12, 38-44
Homélie de Tuan Nguyen
Oser offrir notre indigence
Je me souviens d’avoir vu un film français avec Louis de Funès, bien avant que j’apprenne le français. Ce film est une adaptation de l’Avare de Molière. L’une des scènes hilarantes, c’est sans doute la quête dans l’église. Harpagon, joué par Louis de Funes, cherchait à fuir la quête à tout prix jusqu’à sortir de la célébration…
En regardant ce personnage, nous ne sommes plus pressés de critiquer les riches dans l’évangile. Jésus n’a pas, semble-t-il, fait des reproches à ses donateurs d’ailleurs, il a fait juste un constat. Ces amis riches ont pris sur leur superflu pour mettre dans le trésor du Temple ! Ce qu’ils ont donné leur paraissait important ? Cela leur a-t-il couté ? A côté des riches, une pauvre veuve a donné ce qui lui permettait de vivre. Jésus fait éloge de la Manière dont chacun offre à Dieu. Peu importe la quantité, c’est comment on donne. Cette manière d’offrir à Dieu dit quelque chose de la foi : la veuve ose faire totalement confiance à Dieu, Lui qui peut davantage que son cœur attend. La confiance obtient tout, car elle obtient Dieu.
La première lecture raconte une autre histoire d’une autre veuve, la veuve de Sarepta, des siècles avant le temps de Jésus. Il y avait la famine dans la région, cette veuve a perdu l’espérance de la vie. Elie lui demandait de quoi boire et manger pour continuer la route, mais il restait à la veuve peu de chose à offrir. Elle disait qu’ils allaient disparaît bientôt de cette terre. « N’ayez pas peur », disait le prophète. Ainsi, croyant à la parole de Dieu, la veuve a fait ce qu’a dit Elie. Ainsi, la farine et l’huile ne tarissent pas. Il y a quelque chose de très beau ici, c’est qu’en demandant à la veuve, l’homme de Dieu comptait sur Dieu qui fait naître la générosité, le partage dans le cœur de la pauvre femme, et la veuve a fait confiance à Dieu par la bouche du prophète. C’est une confiance qui fait jaillir la vie !
Revenons à la veuve dans l’Évangile, elle a donné tout ce qui lui permet de vivre. Il faut une confiance sans faille en Dieu pour poser ce geste. Cette confiance assure pour elle la seule espérance dans l’avenir.
Cette histoire de la veuve pauvre nous invite à oser, nous aussi, à avoir confiance en Dieu. Mariés ou pas, riches ou pauvres, malades ou bonne santé, n’hésitons pas à offrir à Dieu notre indigence : spirituelle, humaine, relationnelle, dans le trésor de l’amour infini de Dieu. Ce trésor, l’amour de Dieu manifesté dans la personne du Seigneur Jésus le Christ. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils (Jn 3,16). Jésus a tout risqué, comme cette veuve, il s’est donné par amour pour nous. Le Christ a offert sa personne comme Don total.
Fions-nous à la parole du Christ qui nous invite à oser la confiance en Dieu malgré tout. Nous marchons au milieu d’un monde qui est parsemé d’épreuves. Le Christ nous accompagne chaque jour. Nous venons tout à l’heure à la communion avec nos mains vides, signe d’un cœur pauvre pour offrir au Seigneur une place. « Pauvres, qu’est-ce que vous n’avez pas si vous possédez Dieu ? Riches, qu’est-ce que vous avez si vous ne possédez pas Dieu ? » (Saint Augustin, Sermon 311, 15).