Veillée pascale – 19 avril 2025
Homélie de Bernard Badaud
Jésus ressuscité, c’est Jésus, le Christ, vivant aujourd’hui en compagnon de route. Le cinéma, des bandes dessinées, des livres pleins de bonnes intentions tentent de nous restituer Jésus dans le contexte de son époque avec costumes, figurants et tout et tout… Je ne dis pas que c’est inutile ou sans intérêt. Cela aide à comprendre qu’avec Jésus Dieu s’est vraiment inséré à un moment précis de la grande histoire de l’humanité.
Mais être chrétien ne consiste pas à rêver au Jésus d’autrefois. On ne peut pas en rester à évoquer son histoire comme on le fait de Ramsès II, de Charlemagne ou de Napoléon par exemple ! En étant baptisés, aujourd’hui, vous, les catéchumènes, vous faites l’expérience de la présence du Christ au cœur de votre vie. Jésus, le ressuscité est votre et notre contemporain, comme il a été le contemporain des saints qui ont apporté en leur temps, à leur époque, un reflet de la lumière de Dieu pour le monde, telle que Jésus nous l’a révélée. C’est bien pour cela qu’avant votre baptême nous chantons la litanie des saints : ce grand cortège des témoins du Christ tout au long de l’histoire. Ils ont suivi le Christ en laissant son Esprit Saint leur donner la force d’imaginer ce dont leur époque avait besoin… Elles et ils ont été créatifs, imaginatifs. Ils n’ont pas fait de la reproduction ni du copier/coller. Et voici donc qu’aujourd’hui, c’est à votre tour, à notre tour de reprendre le flambeau.
Comme l’écrivait le P. Arnaud Alibert dans son éditorial du journal La Croix du vendredi saint : « Le message de Pâques, c’est tourner le dos aux tombeaux en tout genre et donner un visage nouveau à l’avenir ». « Il n’est pas ici, il est ressuscité ! ». Et les femmes, et l’apôtre Pierre tournent le dos au tombeau : Il n’est pas ici ! Et il faudra que les apôtres tournent aussi le dos à leurs idées préconçues sur ce qu’ils croyaient être la mission de Jésus, qu’ils tournent le dos à leur mépris pour la parole des femmes, et à bien d’autres choses encore pour qu’ils puissent enfin accueillir la présence inédite du ressuscité.
Il en est de même pour nous aujourd’hui. Dieu, Jésus, ne cesseront jamais de nous surprendre. Ils ne sont jamais là où nous croyons pouvoir les saisir ou les comprendre. Comme les mages de Noël, comme les femmes au tombeau le matin de Pâques, comme l’apôtre Paul sur la route de Damas, il faut se laisser dérouter et consentir à se laisser surprendre et saisir par le Christ ressuscité précisément là où on ne l’attendait pas. Vous, les baptisés de Pâques, vous en êtes les témoins.
Et, au fond, votre témoignage se résume en cela : vous avez découvert que vous étiez aimés de Dieu, comme vous êtes, sans condition, avec vos chutes et vos rechutes. Au soir du Jeudi Saint vous vous êtes prêtés au geste du lavement des pieds et, comme l’a dit le père Éric, avec vous nous comprenons que la toute puissance de Dieu, c’est de déposer sa vie et de la déposer par amour. Cet amour va plus loin encore car lorsque Jésus Ressuscité se retrouve en face de Pierre qui l’a renié, non seulement il ne lui dit pas « Vois comme je t’ai aimé, toi qui m’a renié » mais c’est lui, Jésus, qui demande encore à Pierre : « Est-ce que tu m’aimes ? ». Ce soir, laisserons-nous les mots de Pierre monter de nos cœurs pour dire au Christ : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » ? Laisserons-nous alors le Christ nous redire comme il l’a dit au soir de la Cène, comme il le dit à Pierre « Si vous m’aimez, alors, faites comme j’ai fait pour vous… soyez des bons pasteurs les uns pour les autres ».