Adresse : 8 Place de Paris, Lyon 9e (métro Gare de Vaise)
Architecte : Paul-Érasme KOCH
Date de construction : 1953-1957
Propriété de l’Association diocésaine de Lyon

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Une église monumentale décorée par les plus grands artistes…

Un peu d’histoire…

Devant l’accroissement de la population ouvrière à Vaise, le cardinal de Bonald crée en 1861 la paroisse de l’Annonciation. Après l’église provisoire bénite fin 1860, la construction de l’église définitive s’avère plus complexe. Commencée en 1891, ce n’est qu’en 1896 que le cardinal Coullié bénit la nouvelle église ; il la consacrera avec l’autel en 1899. Commencée en 1891, elle est dessinée en style néogothique « copiée sur les meilleurs types du XVIe siècle » par l’architecte Tony Bourbon et financée par de nombreux dons.

Le 26 mai 1944, l’église subit de plein fouet le bombardement allié visant la voie ferrée et la gare de Vaise toute proche : l’édifice est très endommagé et le presbytère détruit. L’abbé Jean Bénard, vicaire à l’Annonciation, meurt sous les décombres à 37 ans. Menaçant ruine, l’église est finalement détruite en 1946.

La paroisse bénéficie des dommages de guerre pour reconstruire une nouvelle église et reçoit des financements américains en réparation des bombardements via notamment l’œuvre « The pious union of the pardon crucifix » en 1953.

Plusieurs projets originaux sont présentés par des architectes lyonnais mais ne remportent finalement pas l’adhésion.

Après des négociations difficiles, le curé Bertrand Thomas choisit Paul-Érasme Koch, architecte-conseil au M.R.U. (Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme), pour édifier une véritable cité paroissiale comprenant l’église, le presbytère et une école de catéchisme. Les travaux, effectués par l’entreprise Jangot & Bonneton, débutent en février 1953. L’église est ouverte au culte en 1957.

L’église est élevée en béton banché mais, pour apporter une richesse décorative, les murs sont recouverts de parements de pierre : moellons durs de Bourgogne à l’extérieur et pierres sciées du Pont du Gard à l’intérieur.

Écoutons l’architecte Koch évoquer sa future église en 1954 : « Nous avons souhaité pour l’intérieur comme pour l’extérieur un jeu de grands murs pleins créant le recueillement, essayant de retrouver la simplicité et même le dépouillement, et nous espérons la noblesse, conformément à la règle de St-Bernard et à l’esprit des Évangiles. Quoique nous ayions quelque méfiance envers des interprétations symboliques issues souvent de caractère romantique, nous avons pensé que cet ensemble par ses lignes horizontales, sa simplicité, ses matériaux naturels évoquera une paix accueillante et la charité, tandis que le grand fût vertical du clocher restera l’affirmation de la foi. Intérieurement, ce même caractère s’opposera à l’effet des verticales de béton montant jusqu’à la voûte, accompagnées des figures des 12 apôtres, et encadrant un autel central se détachant seul sur une abside plate pour un effet festif et solennel ».

À la découverte de l’église

Rappelant les églises de la Suisse alémanique, l’édifice pourrait paraître austère. Mais, passée les portes monumentales aux poignées sculptées avec des anges de style Art Nouveau, il s’y dégage une atmosphère apaisante et chaleureuse grâce à ses vitraux colorés, conçus par Maurice Rocher et réalisés par l’atelier Barillet, conduisant vers le chœur par 26 « écrans de béton inclinés ». Ce procédé permet d’accompagner le visiteur ou le fidèle dans la nef vers le chœur, sans l’éblouir, mais en diffusant de plus en plus de lumière enveloppante, pour illustrer le Christ « lumière du Monde » qui est toujours aux côtés des hommes par une présence discrète mais lumineuse.

Les proportions gigantesques dans la nef font une heureuse place à l’humain dans les bas-côtés au plafond abaissé ; les luminaires contemporains, dessinés par l’architecte Yves Moutton en 2015, accentuent cette horizontalité bienvenue. Le plafond à caissons colorés égaye l’ensemble, « rappelant par leur construction la nervuration des ailes d’avion » comme le souligne l’architecte P-E. Koch, tandis que la rosace du Couronnement de la Vierge de Maurice Rocher, « un des meilleurs artistes chrétiens contemporains » d’après le critique d’art renommé R. Deroudille, placée au-dessus de l’orgue, ajoute encore une touche colorée.

Pour soigner la décoration intérieure, l’architecte fait appel aux meilleurs artistes français du moment avec l’aide des pères Couturier et Régamey, éminents spécialistes de l’art sacré, et du révérend père Maurice Bertrand de l’Institution Saint-Dominique de Vichy : les sculpteurs Philippe Kaeppelin (voir détail du Moïse du chœur) et Eugène Quentric, les peintres Maurice Rocher et Jacques Michel pour les vitraux, l’atelier Barillet, le mosaïste Daniel Gloria, le ferronnier d’art Jacques Bouget…

Perpendiculaire à la grande nef, l’ancienne chapelle de semaine qui ouvrait sur l’autel par des parois amovibles, est transformée en 2015 en salle de « La Halte », qui propose des activités très appréciées en lien avec le quartier.

Des éléments remarquables

Autour de la croix du clocher, la « Ronde des anges »

Le clocher quadrangulaire, véritable signal haut de 62 m, est orné d’une sculpture en cuivre due aux artistes François Stahly et Étienne-Martin et réalisée par le ferronnier d’art Jacques Bouget : brillant dans le ciel lyonnais, cette « ronde des anges » complète fort à propos cette église dédiée à l’Annonciation.

La Vierge de l’Annonciation d’Eugène Quentric

Empreinte d’une grande intériorité, la Vierge de l’Annonciation accueille le visiteur avec les bras ouverts, en signe du « oui » qu’elle a donné à l’ange venu lui annoncer qu’elle avait été choisie par Dieu pour être la mère de Jésus son Fils.

Le Christ en croix de Philippe Kaeppelin

Le sculpteur créé un Christ en croix en cuivre doré et cristal de roche, à la fois fort et fragile, suspendu à une couronne de lumière au-dessus de l’autel. Il est également l’auteur du tabernacle encastré dans le mur (réalisé par les ateliers d’art liturgique Chéret à Paris) et des 12 statues d’apôtres et de prophètes en pierre blanche placées en hauteur dans le chœur.

L’agneau pascal entouré du Tétramorphe : mosaïque de Daniel Gloria (1980)

Le devant de l’autel de l’ancienne chapelle de semaine a été réalisé par l’artiste lyonnais Daniel Gloria, peintre et mosaïste habitant le quartier de Vaise. Il représente l’Agneau de Dieu, désignant symboliquement le Christ selon les paroles de saint Jean-Baptiste : « Voici l’agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29-34). Il est entouré des symboles des Évangélistes (Le Tétramorphe) : lion de saint Marc, aigle de saint Jean, taureau de saint Luc et ange de saint Matthieu. Après la transformation de la chapelle de semaine en 2015, cette mosaïque a été placée dans la chapelle située en face de l’entrée, ancienne chapelle baptismale, accueillant aussi des vitraux abstraits en partie haute.

A la tribune : l’orgue et la rosace

L’orgue a été fabriqué de 1960 à 1964 par l’entreprise lyonnaise de facture d’orgue Michel Merklin & Kühn, dans une version « à l’économie » dictée par le manque de moyens à la fin du chantier. Derrière lui se trouve une belle rosace colorée figurant le Couronnement de la Vierge, dessinée par Maurice Rocher et réalisée par les ateliers Barillet de Paris.

La mosaïque des Cavaliers de l’Apocalypse de Jean Bertholle dans la crypte mortuaire

Comme dans de nombreuses églises des années 1950 à 1970, une crypte mortuaire était conçue pour veiller les morts avant leur inhumation. Celle de l’Annonciation explique la grande hauteur du chœur puisqu’elle se trouve dessous. Elle a été décorée d’une mosaïque impressionnante dessinée par Jean Bertholle et réalisée par les ateliers Barillet.

© Textes : Commission diocésaine d’Art Sacré (CDAS) de Lyon, Violaine Savereux-Courtin, février 2021.
© Photos : Martial Couderette ; sauf chapelle de semaine : CDAS, V. Savereux-Courtin ; archives CDAS

Pour en savoir plus : M. Chalabi, V. Savereux-Courtin. Les églises XXe du diocèse de Lyon. Éditions Lieux-Dits, 2019 (352 p., 800 ill., 39€).

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